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En 2018, Ty Segall et son Freedom Band, composé de Mikal Cronin, Charles Moothart, Emmett Kelly et Ben Boye, sortait Freedom's Goblin. Un moment critique pour la formation. Une grosse claque pour les autres. Ty et son groupe ont ensuite pris d'assaut le monde avec des concerts tumultueux et libérateurs. Enregistré et mixé par Steve Albini de façon complètement analogique lors de trois soirs au Teragram Ballroom de Los Angeles, Deforming lobes (Anagramme de Freedom's goblin) capture magistralement cette énergie sauvage. On y retrouve des morceaux tirés de Melted, Emotional Mugger, Twins, Manipulator, Singles 2 et de son album homonyme. Ils prennent ici une nouvelle dimension. Dès l'ouverture, Warm hands montre l'évolution du groupe. Le morceau s'offre une nouvelle vie et chaque morceau est abordé avec la même curiosité effrénée sous la perspective d'une expérience collective. L'ambiance entre le public et le groupe, lors de ses soirées de janvier au Teragram Ballroom, a quelque chose de spécial, le groupe joue un rôle encore plus frontal et central, faisant de Deforming lobes la première véritable déclaration du Freedom Band et clôturant le chapitre Freedom's Goblin avec un putain de point d'exclamation !

Cet album a été conçu principalement par Ty Segall, seul, chez lui. L'isolement convient aux chansons : vous n'êtes jamais autant chez vous que lorsque vous êtes face à un miroir. Les guitares acoustiques et électriques de Ty et ses harmonies vocales se superposent, formant une colonne vertébrale épineuse pour l'album. Des textures à la fois douces et dissonantes enracinent les chansons au fur et à mesure de leur mouvement et des arcs mélodiques convulsent dans le doute, le bonheur et la rage. C'est un hymne à l'évasion qui tourbillonne doucement. Rayonnant dans le même espace mental que Goodbye Bread et Sleeper, mélangée à des fragments contrastants et contradictoires issus de Freedom's Goblin, Manipulator et First Taste, Hello, Hi est assurément la production la plus apaisée et entière de Ty Segall à ce jour, un flux et reflux de mots et de musique offrant acceptation et abstraction tel un passage à travers les enchevêtrements de ces temps difficiles.

Blond et brun, chien et chat, citron et oignon : Ty Segall et White Fence se retrouvent de nouveau, 6 ans après Hair, pour cet album. Entre temps, le duo l'affirme, le rock est mort mais ici point d'enterrement ! C'est un nouveau départ dans un véhicule bien rodé, un road trip sauvage et joyeux au volant d'une mustang avec un moteur flambant neuf. Sans rétroviseur car pour une fois pas de passéisme, seul le moment présent existe. Si Hair était une émulsion, des gouttelettes dispersées de l'un dans l'autre, Joy est un monstre à deux têtes qui pense, chante et rit à l'unisson. La fusion est complète !