Le violon prima donna sur piano arpèges me fait vomir, s'insurgeait Francis Poulenc, tandis qu'il composait sa propre sonate pour violon et piano, en 1942. On ne peut obtenir un bon équilibre sonore entre ces deux instruments si opposés - piano et violon - que si on les traite équitablement, à part égale. » Ni violon Castafiore, ni piano esclave effacé, Beethoven applique le premier ce principe démocratique dans ses dix sonates, dont la composition s'étend sur une quinzaine d'années, entre 1796, pour les trois premières, dédiées au vieux maître Salieri, et 1812, pour la dernière, dédiée à l'archiduc Rodolphe, tête couronnée, élève du compositeur. Elles constituent un répertoire de choix et de prédilection pour les instrumentistes, même si elles n'occupent pas dans le catalogue du musicien une place primordiale.
Pratiquant ce répertoire depuis plus d'une dizaine d'années, en complicité de style et de sensibilité, Renaud Capuçon et Frank Braley relèvent brillamment ce défi, mais sans jamais hausser le ton.