En 1983, après un passage, symptomatique des années 1970, par l'engagement artistique dans la rue, "La Fanfare Léa Traction", "La Gamelle aux étoiles", et "Le magicien de balle" se retrouvent sous un improbable chapiteau pour jouer Amour, jonglage et falbalas. L'année suivante, la troupe prend pour nom Cirque Plume. Pour Hervé Canaud, Michèle Faivre, Vincent Filliozat, Jean-Marie Jacquet, Bernard Kudlak, Pierre Kudlak, Jacques Marquès, Robert Miny et Brigitte Sepaser, il s'agit de construire « un projet qui réunirait l'esprit de la fête, la politique, le rêve, les anges vagabonds, le voyage, la poésie, la musique, les corps, dans une envie fraternelle, non violente et populaire » [1] tout en s'emparant du « matériau » cirque. Bien que les modalités d'écriture de la compagnie aient évolué, cet objectif premier se retrouve en filigrane dans les mises en scène de Bernard Kudlak qui œuvre en amont avec le compositeur Robert Miny pour concrétiser les intentions du projet soumises au travail d'improvisation des artistes de la compagnie ou invités. D'une relative hétérogénéité, liée à la succession des numéros, s'élabore une forme plus proche de l'osmose, de la fusion des composants au service d'une entité repérable et isolable, une globalité dont Bernard Kudlac avoue être « le garant ». Cette mutation marque la recherche d'une cohésion devenue une des caractéristiques des œuvres du nouveau cirque qui se dessine dès le début des années 1990. Plume concourt à débarrasser le cirque de son image de simple divertissement et, conjointement, à le faire entrer dans le champ artistique.