Lorsqu'il vit passer Napoléon, Hegel s'écria qu'il avait vu passer le plus grand homme de son temps, "l'esprit même de son temps", aurait-il dit. Lorsque le héros d'Assam, Aventino, un jeune noble piémontais voit passer Napoléon à Milan, il ne voit qu'un petit homme à la mine pâteuse qui apporte la misère et le malheur. Question de point de vue. Justement, le point de vue du roman de Gérard de Cortanze est celui de la réaction, l'anti-épopée napoléonienne. Il décrit dans une très belle première partie toutes les aspirations royalistes et ultras vivant leurs dernières heures. Aventino rêve d'une grandeur passée et certainement mythifiée. À la mort de son père, pour ne pas connaître l'occupation ou le ralliement à des causes trop tièdes, Aventino et quelques amis partent au loin, aussi loin que possible, à Assam, entre la Birmanie, la Chine et le Tibet, "une terre inexplorée, dangereuse, inhospitalière".Dans une deuxième partie le roman historique prend alors la tournure surprenante du roman d'aventures. Dans cette jungle infernale, épreuve après épreuve, chacun des personnages découvrira une vérité essentielle sur la nature du monde et sur lui-même. Critique littéraire, essayiste, romancier talentueux, Gérard de Cortanze signe avecAssamun de ses romans les plus aboutis.--Denis Gombert